ESCALLES À TRAVERS LES SIÈCLES

DE L'EMPIRE ROMAIN … AU MOYEN ÂGE

DE LA RENAISSANCE À LA RÉVOLUTION

ESCALLES AU XIX°SIÈCLE

 

Escalles et sa route dite "le Vigneau"

DE L'EMPIRE ROMAIN … AU MOYEN ÂGE

L'apparition d'Escalles remonterait à l'époque de la conquête romaine. Une voie romaine allant jusqu'à Sangatte passait sur notre territoire. On peut encore en voir le tracé : chemin allant du Tap-Cul à Haute-Escalles, remontant près du vieux moulin vers les Noires Mottes.

Au Tap Cul et au Mont de Sombre, on distingue encore deux buttes qui supportaient sans doute des tours de guet. Sur cette voie romaine, et à l'emplacement de Haute-Escalles apparut le petit village "SCALA" . Ce nom vient du latin et signifie échelle ou escalier, du fait qu'il fallait escalader des collines pour arriver au village. Le nom "SCALA" était mentionné au bas d'une petite statue placée à l'entrée du cran d'Escalles (Scala Mystica). Cette statue a été volée récemment.

Ainsi une voie romaine allant de Boulogne à Sangatte, enjambait les Noires Mottes. Ces buttes ont une longue histoire ; à l'ère préhistorique des hommes peuplaient ces hauteurs. Il est d'ailleurs possible actuellement de découvrir des objets datant de ces temps reculés (pointes, flèches, haches de silex).

À l'âge préhistorique, le détroit du Pas de Calais n'existait pas encore, un isthme reliait le continent à cette presqu'île nommée Bretagne (îles britanniques), et il était possible d'aller à pied sec dans ce pays. Les collines du boulonnais se continuaient avec celles du Kent. Le cran d'Escalles était un petit vallon dans lequel une rivière coulait. Ses eaux ont contribué à la destruction de l'isthme. À cette époque la Flandre était recouverte par la mer. Vous remarquerez la ressemblance entre nos falaises et celles des côtes anglaises : elles sont les deux bords de la cassure.

Le lieu dit " Tap-Cul " est très ancien. En 1868 des fouilles furent faites sur deux mottes entourant le hameau. On y découvrit des sépultures antiques (époque gauloise). Le musée de Calais possède des ossements de ces fouilles. Ceci montre bien que notre village a eu une histoire très ancienne.

Le cran d'Escalles et la statue notre dame du cran "scala mystica"

Vers 710, la première église est bâtie par les moines de Saint Bertin. Tout le vallon dépendait alors de cette abbaye située à Saint-Omer. C'est à ces religieux que revient le mérite d'avoir défriché le pays. Ils cultivaient la vigne dans notre région. Elle était plantée sur le coteau exposé au sud, de là vient le nom de vigneau donné à cette partie du village. Un religieux de l'abbaye venait assurer le service dominical à cheval, en retour il recevait une redevance équivalente à une certaine quantité de harengs.

À l'époque féodale les paysans d'Escalles étaient corvéables, ils étaient astreints à des "œuvres manuelles" dans le château de leur seigneur : le Comte de Guînes. Les Escallois furent par la suite exemptés de ces travaux, mais leur seigneur ordonna qu'ils seraient tenus de lui apporter 3 fois par an les épaves des vaisseaux naufragés. Ces épaves représentaient une partie de leurs revenus. Les paysans de l'endroit provoquaient des naufrages, en suspendant la nuit des lanternes entre les cornes de leurs vaches. C'est sans doute à cette époque qu'on creuse le "cran" (la tranchée) qui mène à la plage, afin de faciliter le transport du butin jusqu'à la maison.

Au cours de la guerre de cent ans et après la prise de Calais par les Anglais (1347), Escalles est le seul endroit occupé par une seigneurie particulière. C'est un "Lord" qui a la charge du village, ce noble est le beau frère du roi d'Angleterre Édouard III. Plusieurs Mylords d'Escalles se sont succédés, l'un d'entre eux figure au procès de Jeanne d'Arc à Rouen. À partir de cette date, les religieux de Saint Bertin sont remplacés par des prêtres anglais pour desservir l'église.

Escalles s'était développé au Moyen-Âge grâce à ses draps. En effet il avait obtenu le privilège de tisser la laine de ses moutons et de vendre ses draps sur le marché de Calais. Mais notre village perdit de son importance à partir de l'occupation anglaise.

Le vigneau, exposé au sud, permettait la culture de la vigne

 

DE LA RENAISSANCE À LA RÉVOLUTION

 

Pendant l'occupation anglaise Escalles périclite. Les champs ne sont plus cultivés. Lorsque François Duc de Guise, en 1558, chasse les Anglais du Calaisis, le village et sa première église sont détruits. Le seul vestige de cette église est la base du portail actuel. Il resterait également des statuettes de bois représentant Saint Roch, Saint Pierre, Saint Paul et Saint Éloi.

On dit que, depuis cette époque deux belles cloches seraient enfouies près de l'église sous une allée du presbytère. Quand les anglais quittèrent le village en ruine, il ne restait plus un seul habitant.

Le roi de France, François II, fit nommer une commission pour la répartition des terres reconquises. On accorda, au curé d'Escalles, la jouissances de 52 mesures de terre pour remplacer la dîme qu'auraient dû lui payer les habitants d'Escalles.

L'église, en grande, partie détruite au moment du départ des Anglais, fut reconstruite, mais ce n'était qu'un édifice dépourvu d'intérêt architectural. En 1607, une nouvelle cloche nommée " Marie" est installée dans le clocher par les habitants.

On construit également un presbytère à côté de l'église ; malheureusement celui-ci fut incendié en 1681. La même année, les moines de Saint Bertin perdirent leurs droits sur les terres d'Escalles, et notre commune fut rattachée au Comté de Hâme jusqu'à la révolution (1789).

Le clerc (maître d'école) reçut également des terres. Escalles possédait une école et cela était rare à cette époque. Depuis le douzième siècle et sur la demande de l'abbé de Saint Bertin, le pape Lucins III voulut bien accorder à l'abbaye le privilège d'établir des clercs, dans toutes les paroisses de sa dépendance. Le maître d'école d'Escalles devint donc petit fermier tout en continuant à exercer ses fonctions d'enseignement.

La commission donna, en même temps, aux "manants" et habitants d'Escalles 204 mesures. Parmi les premiers fermiers qui s'installèrent dans la commune (tous bourgeois de Calais) nous trouvons : François Boquilon et Julien de Montpellé (à Basses Escalles ), Adrien de Neuville (à Haute Escalles), Barthélémy Paillot (à la Folle Emprise)

En 1725, il y avait à Escalles 31 feux (ou habitations), mais le village perd de son importance et quelques années plus tard il ne comprend plus que 26 feux.

C'est en 1782 que l'on construit le "Vigneau", cette route qui permet d'escalader les pentes du même nom et qui favorisa la circulation vers Calais. Avant cette route, un chemin de terre (existant encore en contrebas) permettait aux paysans d'accéder aux hauteurs voisines et la seule façon d'aller de Wissant à Sangatte était d'emprunter le "Chemin Vert" ou ancienne voie gallo romaine, passant par le tap-cul au pied du Mont de Sombre, puis par Hautes-Escalles et le chemin des Noires Mottes (chemin du Moulin).

Au Tap-Cul, hameau du village d'Escalles, existait une bascule, les charrettes et les diligences empruntant cette route devaient payer un droit de passage (suivant leur poids).

En 1791, en pleine époque révolutionnaire, le curé d'Escalles refuse de prêter le "serment constitutionnel" et doit s'exiler. Le 16 juin 1793 les républicains du district de Calais organisent, au sommet du Blanc-Nez, une fête civique au cours de laquelle le bonnet de la liberté est élaboré.

En 1803 Bonaparte, alors premier consul, vient visiter les côtes, de Boulogne à Calais. Le 1er juillet, il traverse à cheval Escalles et gravit le Blanc Nez. Sous le premier empire, lors du blocus continental contre l'Angleterre, deux batteries sont construites sur la falaise, l'une au pied, l'autre au sommet. La réorganisation administrative de Bonaparte place d'abord Escalles comme annexe de Sangatte, puis la paroisse est réunie à celle de Peuplingues.

 

ESCALLES AU XIX°SIÈCLE

Lors du recensement général de la population en 1832, la commune comptait 352 habitants, à la fin du 19ème siècle elle n'en avait plus que 250.

En 1839 de violents orages s'abattent sur la région, du fait de sa situation géographique, des avalanches d'eau en provenance des hauts terrains formèrent de véritable torrents qui s'écoulèrent à travers le village. Plusieurs habitants durent s'enfuir de leur domicile. La toiture d'un puis public à Haute-Escalles est arrachée et emportée jusqu'à la mer.

En 1848, c'est l'abdication du roi Louis Philippe et le rétablissement de la république (la seconde ). À Escalles, les habitants entrent en conflit avec le maire de l'époque. Les premières élections au suffrage universel ont lieu et le maire sortant n'est même pas réélu au conseil municipal.

En 1867 la vieille cloche nommée "Marie" et datant de 1607 est refondue. La nouvelle cloche, de 80 cm de diamètre, sera baptisée : "Marie Louise-Antoinette-Jeanne-Catherine". Elle est Toujours dans le clocher. En 1884, la commune décide de reconstruire son église qui datait de 710 mais qui avait du subir des destructions au cours des années. L'église est bâtie à la côte 46,93m (hauteur par rapport au niveau de la mer ).

En 1872 le champion motocycliste Smith établissait un record de la montée de la route du Vigneau. Une stèle, placée à l'entrée du Blanc-Nez, rappelle cet exploit. Actuellement encore, les cyclistes amateurs et professionnels viennent s'y mesurer.

En 1876, l'une des plus anciennes maisons d'Escalles, la "grand Maison" (domicile actuel de Marc Boutroy) est reconstruite. On utilise des matériaux datant de la première construction. Ainsi une clef de voûte porte l'écusson avec la date de 1633.

Tout Au début du XX° siècle, le glanage dans les champs, une fois la moisson terminée, était sérieusement réglementé. On partait en groupe avec le garde champêtre qui surveillait les opérations. Pas question de taper dans les gerbes de blé ! Le célèbre photographe calaisien, Lefebvre, a fixé sur la plaque sensible, en 1905, le départ d'un groupe de glaneuses, devant l'église d'Escalles, avec à gauche, s'appuyant sur une canne, le garde champêtre. Les glaneuses ont à la main une sorte de long râteau devant leur servir à rassembler les épis éparpillés dans les champs..